Pourquoi Bastiat aurait été un bitcoiner maximaliste

Bien avant Satoshi Nakamoto, Frédéric Bastiat avait montré comment fonctionne la mystification monétaire.

Damien Theillier

5/3/2023

Bien avant Satoshi Nakamoto, Frédéric Bastiat avait montré comment fonctionne la mystification monétaire : « Il m’apparaît que presque toutes les erreurs économiques qui désolent ce pays proviennent d’une fausse notion sur les fonctions du numéraire ». C’est la raison pour laquelle il a écrit son essai intitulé Maudit argent.

Le sophisme de la politique monétaire et ses conséquences

Pourquoi maudire l'argent ? Selon Bastiat, c’est précisément parce qu’on le confond toujours avec la richesse. « La richesse, c'est le numéraire ; accroître le numéraire, c'est accroître la richesse ». Tel est le sophisme qui commande la politique monétaire de la plupart des États.

« Si le peuple souffre, c'est qu'il n'a pas assez d'argent. Il en faut faire », disent les hommes politiques. Et comme il n'est pas aisé de multiplier les métaux précieux, « nous ferons du numéraire fictif, ajoutent-ils, rien n'est plus aisé, et chaque citoyen en aura plein son portefeuille ! ils seront tous riches », ironise Bastiat.

Un siècle et demi après Bastiat, ce mécanisme de création de fausse richesse, a été poussé à l’extrême. Sous l’influence des idées de Keynes, le contrôle des monnaies est devenu presque total. Proudhon et Marx en rêvaient, Keynes et ses disciples l’ont fait. La monnaie et les banques sont régies par des lois qui n’ont aucun équivalent dans les autres secteurs : monopole, cours légal, réserves fractionnaires (seule une fraction de l'argent déposé par les clients des banques est disponible pour le retrait), suspension de la convertibilité en or et banques centrales.

En conséquence, tout est construit sur la dette : les dépenses des États mais aussi des ménages, une partie significative de l'investissement des entreprises, l'essentiel du secteur de l'immobilier, de l'automobile, etc. Partout dans le monde, les loyers, les prix des logements, les carburants, la nourriture et bien d’autres coûts augmentent à mesure que la masse monétaire augmente.

Cette création de « fausse monnaie légale », comme l’appelle Bastiat est à l’origine d’une véritable crise de civilisation : débâcles financières, inflation, dépréciation de la qualité de nos vie, confiscation de notre épargne, surveillance généralisée. Nous y perdons non seulement la prospérité mais la liberté et la responsabilité.

Quand Satoshi Nakamoto entre en scène avec Bitcoin

Pour Bastiat, la meilleure méthode d’allouer les ressources d’une économie est la concurrence. Il en va de même en matière de monnaie. Mais comment faire ?

L'usage de l'or comme monnaie étant peu commode et ayant été finalement interdit par les États, personne ne pouvait imaginer durant le 20e siècle comment retirer la monnaie des mains des Etats. Cependant l'apparition de Bitcoin en 2009 a complètement changé la donne. Et nul doute que si Bastiat était là aujourd’hui, il en serait le grand défenseur.

En effet, Bitcoin est une attaque sans précédent contre le monopole de la monnaie, clé de voûte du système de contrôle étatique, avec son économie de la dette. D’après son inventeur, Satoshi Nakamoto, c’est la raison d’être principale de Bitcoin. Seul un système monétaire « basé sur une preuve cryptographique plutôt que sur un tiers de confiance », disait-il dans son White Paper il y a 14 ans, peut résister à la censure et « échapper au risque d'inflation arbitraire des devises centralisées ».

Les devises centralisées sont les monnaies fiat (monnaies étatiques, dollar, euro etc.) peu coûteuses et donc faciles à produire. Elles favorisent les individus qui les produisent et ceux qui empruntent aux dépens de ceux qui épargnent et qui sont éloignés de cette émission.

A l’opposé, Bitcoin est un système de monnaie coûteuse à produire, par la dépense d'énergie que ce mécanisme implique, qui résiste à l'inflation et qui a pour avantage d'exister en dehors des différentes juridictions des États. C’est un système monétaire construit sur une ressource rare, avec une limite infranchissable de 21 millions de bitcoins, sans banque centrale, sans intermédiaire. Il constitue ainsi une alternative au système fiat et ravive l'espoir d'une économie saine, fondée sur la propriété réelle des fruits de son travail. Par son caractère déflationniste, Bitcoin incite à épargner, c'est-à-dire à se projeter dans le futur.

Trop de pouvoir entre les mains du gouvernement est une chose dangereuse, et l'histoire nous a appris maintes et maintes fois cette erreur. Si Bastiat était là aujourd’hui, en bon bitcoiner maximaliste, il nous dirait trois choses :


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