Comment l'Etat-providence conduit aux révolutions

Pour Bastiat, la demande d'Etat est à la fois utopique et dangereuse.. Utopique car elle condamne l'Etat à des dépenses sans fin, impossibles à financer et dangereuse car elle conduit à toujours plus de frustrations populaires.

Frédéric Bastiat

4/25/2023

« L’État, ce n’est ou ce ne devrait être autre chose que la force commune instituée, non pour être entre tous les citoyens un instrument d’oppression et de spoliation réciproque, mais, au contraire, pour garantir à chacun le sien, et faire régner la justice et la sécurité. »
Frédéric Bastiat, L’État

« Je ne demande pas mieux, soyez-en sûrs, que vous ayez vraiment découvert, en dehors de nous, un être bienfaisant et inépuisable, s’appelant l’ÉTAT, qui ait du pain pour toutes les bouches, du travail pour tous les bras, des capitaux pour toutes les entreprises, du crédit pour tous les projets » (…)

Au fait, l’État n’est pas manchot et ne peut l’être. Il a deux mains, l’une pour recevoir et l’autre pour donner, autrement dit, la main rude et la main douce. L’activité de la seconde est nécessairement subordonnée à l’activité de la première.

Il se trouve donc placé, par nos exigences, dans un cercle vicieux manifeste.

S’il refuse le bien qu’on exige de lui, il est accusé d’impuissance, de mauvais vouloir, d’incapacité. S’il essaie de le réaliser, il est réduit à frapper le peuple de taxes redoublées, à faire plus de mal que de bien, et à s’attirer, par un autre bout, la désaffection générale.

Ainsi, dans le public des espérances, dans le gouvernement deux promesses : beaucoup de bienfaits et pas d’impôts. Espérances et promesses qui, étant contradictoires, ne se réalisent jamais.

N’est-ce pas là la cause de toutes nos révolutions ? Car entre l’État, qui prodigue les promesses impossibles, et le public, qui a conçu des espérances irréalisables, viennent s’interposer deux classes d’hommes : les ambitieux et les utopistes. Leur rôle est tout tracé par la situation. Il suffit à ces courtisans de popularité de crier aux oreilles du peuple : « Le pouvoir te trompe ; si nous étions à sa place, nous te comblerions de bienfaits et t’affranchirions de taxes. »

Et le peuple croit, et le peuple espère, et le peuple fait une révolution. » (L'Etat)

A Richard Cobden :

« Chacun s’est mis à réclamer pour soi de l’État une plus grande part de bien-être (…) l’État ou le Trésor public a été mis au pillage. Toutes les classes ont demandé à l’État, comme en vertu d’un droit, des moyens d’existence. Les impôts faits dans ce sens n’ont abouti qu’à des impôts et des entraves et à l’augmentation de la misère et alors les exigences du Peuple sont devenues plus impérieuses. »

Auguste Bouchié de Belle, Bastiat et le libre-échange, 1878, p. 163 :

« Lors de la Révolution de 1848, cette grande chimère de l’État-providence s’empara encore davantage de tous les cerveaux. Dès le 1er jour, la révolution s’attribua un sens social (…)

Le gouvernement provisoire, pour flatter les passions populaires, promit par décret l’augmentation du bien-être, la diminution du travail, des secours, le crédit et l’instruction gratuits, des colonies agricoles, des défrichements, etc. Et, en même temps, la réduction de la taxe du sel, des boissons, des lettres, de la viande. Il s’engageait à diminuer les dépenses de l’État, en même temps qu’il en faisait le banquier et le bienfaiteur de tout le monde » (…) Une idée dominante avait envahi toutes les classes de la société : que l’État était chargé de faire vivre tout le monde. Cette idée se rencontrait avec la même unanimité dans tous les systèmes des réformateurs. Louis Blanc voulait que l’État intervînt pour assurer l’égale répartition de salaires, Proudhon le chargeait d’instituer le crédit gratuit » (…)

De toutes parts on a demandé quelque faveur à la loi : tarifs protecteurs, primes d’encouragement, droit au profit, droit au travail, droit à l’assistance, droit à l’instruction, impôt progressif, gratuité du crédit, ateliers sociaux, en un mot l’organisation le plus complète de la spoliation. »